Le débat autour de la postmodernité s'est marqué, depuis une vingtaine d'années, d'effets en théologie. Sans vouloir établir une typologie rigoureuse des "variétés" de théologies postmodernes, on peut néanmoins caractériser quatre courants : - le courant déconstructionniste - à partir des travaux de Jacques Derrida - qui s'est affirmé au milieu des années quatre-vingts en la personne de Mark C. Taylor, dont l'effort porte sur la déconstruction de quatre notions essentielles de la théologie : Dieu, le soi, l'histoire et le livre ; - un courant plus récent qui se définit comme "constructif" dans le sillage ou en amont de la théologie du Process ; - un courant "restaurateur" qui prône une revalorisation de la tradition ; - un courant "libérateur" des pluralismes auquel pourrait se rattacher Hans Küng dans son essai de définir le "paradigme postmoderne". D'une manière ou d'une autre, les auteurs internationaux de cet ouvrage reprennent et à divers degrés les grandes lignes ici dessinées. Mais les réflexions n'entendent pas se placer à l'enseigne d'un programme de théologie postmoderne, mais d'une condition de la théologie en postmodernité. Y entrer, c'est pour le moins et de prime abord, savoir un certain nombre de méfaits liés à la raison mais mesurer également les risques de sa disparition. Dans le champ plus spécifiquement religieux, on sera notamment conduit dans cet ouvrage à se demander ce que doit être une théologie : une gestion créative de la tradition ou alors l'ouverture totale à une rationalité bridée seulement par cette antienne aussi vieille que l'humanité : sa tentation de l'absolu.