Synopse des quatre évangiles - T2

« Quiconque a lu avec attention les textes évangéliques présentés en colonnes dans le premier volume de cette Synopse a vu surgir bien des questions. Tantôt ces textes sont différents au point de se contredire, tantôt ils se ressemblent ; et la ressemblance est alors tantôt vague et générale, tantôt précise et serrée au point de porter sur le détail du mot à mot. Derrière ces faits littéraires on entrevoit toute une histoire de traditions parallèles, mais aussi disparates, orales ou écrites, de sources ou de documents variés qui ont dû s'influencer, se combiner ou s'opposer. Et pour qui connaît la manière de composer des Anciens, toute une évolution se laisse pressentir, qui aura duré bien des années, engagé bien des esprits et bien des mains, en sorte que derrière les grands noms gardès par la tradition, c'est une collectivité qui se découvre... »

« Le lecteur de cet ouvrage ne s'étonnera donc pas d'assister, textes en main, à l'évolution littéraire qui a mené des origines, obscures et conjecturées, aux évangiles canoniques tels que les a reçus l'Église. Il admirera bien plutôt la croissance de foi et de réflexion théologique qui s'est ainsi engrangée au cours des premières années du christianisme. Car c'est grâce à elle qu'il peut communier à son tour, à travers la génération qui a reçu le Christ, au mystère de vie qu'il doit revivre à son tour, avec toute la richesse, variée et multiforme, qu'ont déjà su y découvrir les premiers frères chrétiens. S'il doit renoncer dans plus d'un cas à entendre la voix directe de Jésus, il entend celle de l'Église, et il se confie à elle comme à l'interprète divinement autorisée du Maître qui, après avoir parlé jadis sur notre terre, nous parle aujourd'hui dans sa gloire... » [Préface de Pierre Benoit, o.p.]

Collaborations : Arnaud Lamouille - Pierre Sandevoir

Pierre-Maurice Benoit [1906-1987], dominicain, fut professeur de Nouveau Testament à l'École biblique de Jérusalem dès 1933, et acquit rapidement une stature reconnue d'exégète et d'archéologue. Collaborateur et membre du Comité de direction de la Bible de Jérusalem lors de sa première parution en volumes séparés, il signa les fascicules des Épîtres de la captivité (1949) et de l'Évangile selon S. Matthieu (1950). Un peu plus tard, il fut maître d'œuvre chargé de préparer l'édition en un seul volume de cette même Bible de Jérusalem ; à l'exception des écrits johanniques, il rédigea alors les introductions à tous les textes du Nouveau Testament et « ré-écrivit toutes les notes explicatives en bas de page », y introduisant de mini synthèses sur tous les grands sujets de la théologie biblique (1956). Engagé dans la découverte et le déchiffrage des manuscrits découverts à Qumrân, il publia en 1960 un article sur « Qumrân et le Nouveau Testament » qui fit autorité par la suite ; en sorte qu'il fut nommé en 1971 président du groupe international chargé de la publication officielle des manuscrits de Qumrân. Simultanément expert exégète à Vatican II, il prit aussi une part importante à l'élaboration de plusieurs documents du Concile : sur les juifs, l'unité des chrétiens, la liberté religieuse, l'Église dans le monde de ce temps, dont il rédigea même l'avant-dernier état du premier chapitre. Si l'on ajoute la direction de la Revue biblique (1953-1963) et de l'École biblique elle-même (1964-1972), ses cours et ses publications qui se poursuivirent presque jusqu'à la fin de sa vie, on ne peut qu'être confondu par la somme de travail et le talent de ce représentant éminent d'une espèce devenue rare, un exégète qui n'a pas renoncé à être un théologien. (Jean-Pierre Torrell)

Marie-Émile (Claude) Boismard [1916-2004], dominicain, licencié en théologie (Le Saulchoir) et en sciences bibliques (Rome), fut successivement professeur de Nouveau Testament à l'École biblique de Jérusalem (1948-1950), puis à l'Université de Fribourg en Suisse (1950-1953), et de nouveau à l'École biblique de Jérusalem (1953-1993).