Au fur et à mesure que Hegel et Marx s'éloignent, l'écrivain et le philosophe danois, Søren Kierkegaard (1813-1855), revient au premier plan de l'actualité. Hegel et Marx réfléchissaient sur le cours inéluctable de l'histoire, Kierkegaard, lui, méditait sur les aléas de l'existence humaine, et ceci en partant de sa propre expérience. C'est pourquoi nous avons réuni dans ce volume les textes à caractère autobiographique.
La grande affaire de la vie de Kierkegaard aura été l'amour. Non pas l'amour gai des libertins qui, prudemment, ne cherchaient pas autre chose dans l'amour que le plaisir. Kierkegaard, en vrai romantique, avait l'amour grave et mélancolique des chercheurs d'absolu qui, imprudemment, mettent dans les choses humaines des exigences surhumaines, telle la constance, voire la foi.
Aussi Kierkegaard s'est-il projeté tour à tour dans les figures légendaires de Don Juan, de Faust, du Juif errant, symboles de l'éternelle insatisfaction de ceux qui cherchent toujours. Ces figures sont au cÅ“ur d'une philosophie ponctuant tous les stades sur le chemin de sa vie : sa passion pour Régine Olsen, la rupture de ses fiançailles, la reprise de ses relations avec elle, la tentation de la foi, la peur de la mort. A l'arrière-plan, un rêve, celui de l'amour idéal : « On s'explique pourquoi Dieu, lorsqu'il créa Eve, plongea Adam dans un profond sommeil : la femme, en effet, est le rêve de l'homme », écrit-il dans le Journal du séducteur.
La présente édition a été préparée par Régis Boyer, professeur à la Sorbonne et spécialiste confirmé des littératures scandinaves. Elle comporte une préface générale, une introduction à chacun des textes choisis, une chronologie, un index des mots clefs de la philosophie de Kierkegaard et une bibliographie.
Les traductions sont celles, admirables, de P. H. Tisseau.