Le Dictionnaire de Bayle apparaît comme un livre clé pour la compréhension de ce tournant du XVIIe au XVIIIe siècle. Paru, poursa première édition, en 1696, il offre un point de vue rétrospectif remarquable du XVIIe siècle sur lui-même. Mais, en même temps, sans lui, une première origine des "Lumières" nous resterait impénétrable. Ne pouvant plus désormais envisager une ré édition complète de cette "mer orageuse et sans fond" qu'est, au dire même de son auteur, ce Dictionnaire, on a privilégié ici quelques articles donnés dans leur intégralité. Car seule celle-ci permet de saisir l'étonnant parcours que le texte impose à son lecteur, renvoyé, dans un incessant aller et retour, du corps de l'article à ses remarques. Cette lecture courbe et sinueuse im pose une mise en abyme du texte qui défie toute interprétation unilatérale. En cela, s'affronter au Dictionnaire, c'est aussi réapprendre à lire. Le choix des articles opéré a été celui effectué depuis longtemps par ses meilleurs lecteurs : Leibniz, Voltaire, mais aussi Hume et Kant, ou même Feuerbach et Melville. Ce sont donc les grands articles philosophiques. Ils forment un tout en ce qu'ils sont complétés et commentés par les "Éclaircissements" queBayle a dû mettre, dès la seconde édition, à la fin du Dictionnaire. Ils permettent de parcourir les grands thèmes qui ont préoccupé Bayle toute sa vie : le scepticisme, l'athéisme vertueux, le scandale théologique du mal, l'incompatibilité de la philosophie et de la religion, etc.