Cet ouvrage propose une étude comparée de la mentalité, des principes et des méthodes de trois Sociétés missionnaires de confession et de nationalité différentes qui travaillèrent dans les territoires situés au sud des actuels Nigéria, Togo et Bénin, durant la deuxième moitié du XIXe siècle : deux Sociétés britanniques protestantes - la Church Missionary Society anglicane, la Wesleyan Methodist Missionary Society - et une Société catholique française, les Missions africaines de Lyon.
Grâce à nombre de citations empruntées à leurs journaux et correspondances, nous suivons ces missionnaires dans leurs tâches quotidiennes d'évangélisation. De là, le propos s'élargit, qui permet de saisir d'importantes différences dans les perceptions des Africains et dans les méthodes. Ainsi l'image, davantage assimilationniste, que les missionnaires britanniques se font des Africains a-t-elle pour conséquence une place particulière accordée au clergé autochtone ; avec, notamment, le premier évêque anglican noir, l'ancien esclave Samuel Ajayi Crowther.
L'auteur analyse où ces différences prennent racine : par exemple, l'écart existant entre le consensus britannique sur l'abolition de la Traite et de l'esclavage, et les réserves françaises sur ces thèmes longtemps suspects dans les milieux religieux où ils sont associés à l'Å“uvre sulfureuse de la Révolution française. Mais il relève également les écarts entre politiques religieuses et politiques coloniales : les premières ne sauraient se réduire aux secondes, qui s'exercent à l'époque considérée dans des contextes encore largement extérieurs aux colonisations.
Dans les régions concernées, cela ne sera pas sans incidence, durant la période coloniale et jusqu'à nos jours.

Bernard SALVAING est né en 1951 à Kankan (Guinée). Agrégé et docteur de 3e cycle en histoire, il est actuellement maître de Conférences à l'Université de Paris I. Il a publié des Contes peuls du Fouta-Djalon (C.I.L.F. EDICEF, 1984).