En cet été 1704, le front camisard est disloqué. Déjà, en effet, Cavalier est en route, sur le chemin de l'exil ; le bas-pays, dès lors, semble entrer en somnolence. Pourtant Rolland et les autres chefs camisards ne renoncent pas. La manière dont Cavalier a été traité ne saurait leur convenir. Pour eux, la lutte ne peut cesser qu'avec la reconnaissance de la liberté de conscience. Mais cela, ni Villars ni Bâville, ni, bien sûr, le roi, ne sauraient l'admettre. La guerre reprend, impitoyable. Villars, à son tour, se montre tel qu'il est, lorsque les voix de la négociation ne donnent rien. A nouveau, la peur, la désolation, l'arbitraire. A nouveau, les massacres, les emprisonnements, les saccages.
Hélas ! le 14 août 1704, Rolland, trahi, est surpris et tué au château de Castelnau. Ses quatre compagnons, faits prisonniers, sont rompus vifs.
Avec cette tragique disparition, c'est une page de la guerre des Cévennes qui se termine. Peu à peu, les camisards, à bout d'espérance, manquant de vivres et de munitions, négocient. Castanet et Catinat obtiennent de sortir du royaume. Joani et Salomon Couderc, bientôt suivis de La Rose et Marion, à leur tour, capitulent. Seuls, Bonbonnoux, Ravanel, Claris et Abraham Mazel refusent de déposer les armes.
Que de journées difficiles où ces hommes pourchassés, affamés, se terrent entre combes et vallées, cavernes et forêts. Car le pays a peur, le pays ne soutient plus ses camisards ou, quand il le fait, c'est du bout des lèvres.
Ainsi, en cette fin de l'année 1704, où Villars, qui a réussi dans sa mission de pacification, préside les États du Languedoc, peu avant de quitter la province, toute résistance semble terminée. Mais le maréchal laisse derrière lui un pays plus écrasé que pacifié, où, avoue-t-il, « le feu est presque éteint, mais craignons toujours de le rallumer ».
La période historique s'achève. Mais la guerre des Cévennes n'a pourtant pas encore dit son dernier mot.

TOME IV : De JUILLET à DÉCEMBRE 1704

L'AUTEUR : HENRY BOSC (1908-1990)

Originaire de Castres (Tarn), Henri Bosc a, dès ses études d'Histoire et de Théologie effectuées à Montpellier (19311935), entrepris le dépouillement des archives, encouragé en cela par son maître et ami Charles Bost.
Devenu pasteur de l'Eglise Réformée, l'auteur de La Guerre des Cévennes, après différents ministères, est affecté à Montpellier où, durant une vingtaine d'années, il poursuivra l'investigation des Archives de l'Hérault, particulièrement riches sur ce thème, et dont l'exploitation des documents, jusque-là inédits, renouvelle le sujet.
Henri Bosc est ensuite nommé à Paris où il sera, pendant plus de treize ans, conservateur du musée et de la bibliothèque de la Société de l'histoire du protestantisme français. De 1969 à 1974, il est attaché de recherches au CNRS et mettra à profit ces longues années pour continuer sa tâche aux Archives du département de la Guerre et à la bibliothèque de l'Arsenal où il accumulera les matériaux pour l'œuvre en gestation.
En 1973, Henri Bosc soutient sa thèse de doctorat ès lettres et sciences humaines à la Sorbonne, à Paris, thèse traitant de la période 1705-1710, qui constitue le cinquième tome de cet ouvrage.
Dégagé de ses fonctions, Henri Bosc put se consacrer à l'achèvement de son œuvre que nous finissons de publier aujourd'hui.

LA GUERRE DES CÉVENNES

DÉJA PARUS :
Tome I : Des Origines à Juillet 1703.
Tome II : D'Août à Décembre 1703.
Tome III : De Janvier à Juin 1704.
Tome IV : De Juillet à Décembre 1704.

A PARAITRE :
Tome V : De 1705 à 1710.

Tome VI : INDEX des noms de personnes et de lieux ; bibliographie générale ; table pour l'ensemble des illustrations et table générale des matières des cinq tomes.