« Un gouvernement de conventionnels, de jacobins ; habillés de laine grossière, des sabots aux pieds, réduits pour toute nourriture à du pain grossier, qui se jetaient sur des matelas étalés par terre dans le lieu de leurs séances quand ils succombaient à l'excès de fatigues et des veilles. Voilà quels hommes ont sauvé la France ! J'en étais, Messieurs, et je le tiens à gloire. »
Celui qui, au crépuscule de sa vie, prononce ces paroles pleines de dignité se nomme André Jeanbon, dit Jeanbon Saint-André. Issu de la bourgeoisie protestante de Montauban, il fut officier de marine puis pasteur avant de s'engager dans les mouvements révolutionnaires. Elu à la Convention, membre du Comité de salut public - le Grand Comité de l'an II, celui de Robespierre et Saint-Just... -, il mena à bien la réorganisation de la marine française. Rallié à Bonaparte, il mit autant de zèle à servir l'Empire qu'il en avait mis à faire triompher les grands idéaux de 1789. Il mourut en 1813, préfet du département rhénan du Mont-Tonnerre.

Daniel Ligou, professeur à l'université de Boulogne, est l'auteur de nombreux ouvrages consacrés notamment à la période révolutionnaire et à la franc-maçonnerie.