Quoique juriste de formation, c'est en théologie que le réformateur Jean Calvin (1509-1564) a développé ses immenses talents. Son Psautier est une de ses Å“uvres maîtresses : initié en 1539 pendant son bref séjour à Strasbourg à la tête de l'« Eglise des français », ce recueil des cent cinquante psaumes versifiés a été réalisé grâce à la collaboration du poète Clément Marot et du théologien Théodore de Bèze et avec la complicité des trois musiciens Guillaume Franc, Loys Bourgeois et Pierre Davantès. Å’uvre poétique et musicale de tout premier ordre, elle est destinée au chant et à la prière dans les célébrations liturgiques françaises.
Dès sa parution en 1562, le Psautier de Genève a connu un énorme succès dans le monde huguenot : de multiples traductions en seront faites jusqu'à la fin du siècle afin de servir les communautés des réfugiés ainsi que les Églises calvinistes qui se créent partout en Europe. De l'Angleterre jusqu'en Hongrie, ces versions étrangères sont réalisées dans la principauté de Béarn, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Italie et en Espagne ainsi qu'en Bohême et en Pologne ; répertoriées dans quelques ouvrages ou traitées au cas par cas, elles n'ont cependant jamais fait l'objet d'une recherche d'ensemble, que ce soit dans le domaine linguistique ou éditorial, ou dans celui touchant à la vie des Eglises et de ses membres.
Alors que le XVIe siècle est secoué par de nombreux conflits religieux et politiques, que la société tout entière traverse une période de bouleversements culturels sans précédent, une étude s'imposait qui retrace dans le détail les multiples itinéraires de ce Psautier, de ses premières ébauches jusqu'à sa diffusion à travers le continent européen.
Un travail historique et musicologique s'imposait donc, avec l'ambition de renouveler notre connaissance du monde calviniste de la Renaissance, dont témoignent aussi les nombreux exemples musicaux et les illustrations photographiques des principales éditions et de leur contenu.