Lien social fondamental, l'amitié est un bien commun et universel dont la nature a connu de profonds changements au cours des siècles. Si celle dont parlent Aristote et saint Augustin ne correspond pas tout à fait à notre conception actuelle, nous sommes au contraire à l'unisson avec Montaigne lorsqu'il décrit son amitié pour La Boétie. Notre âge d'or de l'amitié, c'est le leur, même si ce modèle de l'amitié sentimentale est en réalité une construction de la pensée des Lumières… De la Renaissance à la veille de la Révolution, l'amitié fut le fondement des relations humaines et jugée même supérieure à l'amour. Longtemps réservée aux hommes, il faudra attendre le XVIIIe siècle pour qu'enfin elle appartienne à tous et à toutes. Vécue, pensée, enseignée, l'amitié s'exprimait avec flamme, se piquait d'honneur et exigeait des services et des devoirs qui pouvaient même entraîner la mort.
En nous révélant toute la force de ce lien si passionnel que nous l'assimilons parfois au sentiment amoureux, l'auteur nous fait découvrir une part essentielle de l'histoire du paysage affectif à l'époque moderne.