Lorsque, courant novembre, 1973, Jean Lasserre, président de l'Association des « Français Libres » du Gard, m'a amicalement demandé si je voulais bien accepter d'écrire un livre relatant l'action de quelques-uns de ses camarades, anciens des F.F.L... originaires du département ou s'y étant retirés, j'ai tout de suite répondu affirmativement.
Pourquoi, alors que j'ai « en chantier » deux ouvrages, — dont l'un, bien avancé, intitulé « Vacances 44 en Cévennes », retracera la vie de mes copains de maquis — ai-je accepté ? Tout d'abord parce que si, à propos de cette époque exceptionnelle (1940-1945), certains prennent plaisir à ne dire que ce qui a été moche et à cacher ce qui a été beau et grand et généreux, depuis le juste lendemain de la Libération, j'ai voulu faire le contraire : montrer le vrai visage de la Résistance et parler de ceux qui ont été mes camarades de combat, quels que soient les mouvements ou les formations auxquels ils ont appartenu. Ensuite par « solidarité résistante » : F.F.I. et F.F.L. ne se sont-ils pas ensemble, battus, essentiellement pour libérer le territoire national et écraser le fascisme ? Ayant dans plusieurs ouvrages parlé des uns je me devais de parler des autres. Aussi, parce que la vie riche d'aventures de ces camarades de la France Libre qui — par chance ? courage ? force d'âme ? — avaient eu le privilège de lutter, en Afrique, au Proche-Orient, en Italie et ailleurs, avant de débarquer chez eux, chez nous, en juin et en août 1944, me fascinait, je l'avoue, et j'avais quelque secrète hâte de la connaître. (La relation de tous les ralliements de Français venus combattre aux côtés du Général de Gaulle, si riche en actes de courage et d'endurance, en preuves de sang froid et d'esprit d'initiative, ne pourra, certes, jamais être écrite en entier. Et pourtant quel beau livre d'aventures à faire avec eux I ; aussi ai-je voulu en raconter quelques-uns, apporter ma pierre...)