Mémoires de la délégation archéologique en Iran - Tome LII
Sous-titre :
Les figurines de Suse, Vol.1 - les figurines humaines. IVe-IIe millénaires av. J.-C.
ISBN :
81234
Editeur :
Auteur :
Info :
238
pages -
Prix 124,00 €
Thèmes :
4e de couverture :
Signalées déjà par Loftus, puis par Dieulafoy, les figurines en terre cuite de Suse apparurent dans leur diversité dès le début des travaux de la Délégation en Perse. Jéquier en donna immédiatement un aperçu, en groupant près d'une quarantaine d'exemplaires complets ou fragmentaires dont nul ne songeait alors à proposer une classification chronologique.
En fait, cette première collection illustrait presque exclusivement la production de la grande époque élamite, couvrant sensiblement tout le IIème millénaire. Le Louvre reçut ainsi pendant quelque 30 ans la totalité de ces "petits monuments" dont le matériau commun, le caractère populaire, le nombre important et l'état souvent fragmentaire risquaient de décourager les tentatives de publication systématique. Mais du moins ce matériel considérable fut-il conservé, restant disponible pour l'étude.
En 1926, Pézard et Pottier en donnèrent un essai de classification, que l'absence d'illustrations rendait à peine utilisable. Peu après, une nouvelle législation imposa très raisonnablement un partage avec le Musée de Téhéran, construit plus tard et où les meilleures pièces seulement furent accessibles. A cette époque, R. de Mecquenem était enfin capable de reconnaître des éléments très approximatifs d'une stratigraphie, qu'il présenta dans la publication d'un choix des pièces jugées les plus représentatives. C'était peu, mais cependant non négligeable, à condition de savoir analyser les données ainsi disponibles, comme L. Le Breton devait par la suite en donner l'exemple, pour les hautes époques.
La prise en main des fouilles de Suse par Roman Ghirshman, en 1946, faisait espérer une rigueur inconnue jusqu'alors mais le grand chantier stratigraphique, "A", ouvert au nord de la Ville royale fut quelque peu mis en sommeil pendant la décennie consacrée à l'exploration de Tchoga Zanbil. Quand en 1961, je fus appelé au Musée du Louvre, je m'attachais par prédilection aux collections susiennes, mises en… [lire +]
En fait, cette première collection illustrait presque exclusivement la production de la grande époque élamite, couvrant sensiblement tout le IIème millénaire. Le Louvre reçut ainsi pendant quelque 30 ans la totalité de ces "petits monuments" dont le matériau commun, le caractère populaire, le nombre important et l'état souvent fragmentaire risquaient de décourager les tentatives de publication systématique. Mais du moins ce matériel considérable fut-il conservé, restant disponible pour l'étude.
En 1926, Pézard et Pottier en donnèrent un essai de classification, que l'absence d'illustrations rendait à peine utilisable. Peu après, une nouvelle législation imposa très raisonnablement un partage avec le Musée de Téhéran, construit plus tard et où les meilleures pièces seulement furent accessibles. A cette époque, R. de Mecquenem était enfin capable de reconnaître des éléments très approximatifs d'une stratigraphie, qu'il présenta dans la publication d'un choix des pièces jugées les plus représentatives. C'était peu, mais cependant non négligeable, à condition de savoir analyser les données ainsi disponibles, comme L. Le Breton devait par la suite en donner l'exemple, pour les hautes époques.
La prise en main des fouilles de Suse par Roman Ghirshman, en 1946, faisait espérer une rigueur inconnue jusqu'alors mais le grand chantier stratigraphique, "A", ouvert au nord de la Ville royale fut quelque peu mis en sommeil pendant la décennie consacrée à l'exploration de Tchoga Zanbil. Quand en 1961, je fus appelé au Musée du Louvre, je m'attachais par prédilection aux collections susiennes, mises en… [lire +]
Signalées déjà par Loftus, puis par Dieulafoy, les figurines en terre cuite de Suse apparurent dans leur diversité dès le début des travaux de la Délégation en Perse. Jéquier en donna immédiatement un aperçu, en groupant près d'une quarantaine d'exemplaires complets ou fragmentaires dont nul ne songeait alors à proposer une classification chronologique.
En fait, cette première collection illustrait presque exclusivement la production de la grande époque élamite, couvrant sensiblement tout le IIème millénaire. Le Louvre reçut ainsi pendant quelque 30 ans la totalité de ces "petits monuments" dont le matériau commun, le caractère populaire, le nombre important et l'état souvent fragmentaire risquaient de décourager les tentatives de publication systématique. Mais du moins ce matériel considérable fut-il conservé, restant disponible pour l'étude.
En 1926, Pézard et Pottier en donnèrent un essai de classification, que l'absence d'illustrations rendait à peine utilisable. Peu après, une nouvelle législation imposa très raisonnablement un partage avec le Musée de Téhéran, construit plus tard et où les meilleures pièces seulement furent accessibles. A cette époque, R. de Mecquenem était enfin capable de reconnaître des éléments très approximatifs d'une stratigraphie, qu'il présenta dans la publication d'un choix des pièces jugées les plus représentatives. C'était peu, mais cependant non négligeable, à condition de savoir analyser les données ainsi disponibles, comme L. Le Breton devait par la suite en donner l'exemple, pour les hautes époques.
La prise en main des fouilles de Suse par Roman Ghirshman, en 1946, faisait espérer une rigueur inconnue jusqu'alors mais le grand chantier stratigraphique, "A", ouvert au nord de la Ville royale fut quelque peu mis en sommeil pendant la décennie consacrée à l'exploration de Tchoga Zanbil. Quand en 1961, je fus appelé au Musée du Louvre, je m'attachais par prédilection aux collections susiennes, mises en ordre par L. Le Breton, mais qu'il fallait encore répertorier en grande partie, avant d'en aborder la classification proprement dite. Les fouilles de R. Ghirshman commençaient à tenir leurs promesses, mais leurs données nécessitaient encore une délicate élaboration et restaient difficilement utilisables pour qui n'avait pas la possibilité de participer aux travaux, sur le terrain. Précisément, comme Agnès Spycket m'entretenait, à son retour des fouilles de 1965, des résultats obtenus, il m'apparut que son expérience personnelle du chantier lui avait donné la capacité de maîtriser la documentation si attachante, que j'avais à peine eu le loisir d'aborder superficiellement. Je m'en ouvris à R. Ghirshman, qui voulut bien en convenir et accepta de consacrer un volume à la publication globale des terres cuites susiennes. La seule condition, fort compréhensible, était de prendre rang dans la série des Mémoires déjà prévus, et donc de savoir attendre. C'est ce qui explique, partiellement, que la première partie de ce travail de longue haleine n'ait pas été menée à bien que 25 ans plus tard, sa complexité même impliquant en outre un temps considérable.
Il s'agissait en effet de classer à partir des données des fouilles récentes, et en critiquant celles des fouilles anciennes, un matériel vraiment énorme, comprenant près de 2 500 figurines humaines, et en outre, des centaines de figurines animales et d'objets familiers tels que les chars et les meubles. Par suite, le cadre initialement prévu a éclaté : deux volumes au moins ont dû être prévus, le premier comprenant seulement les séries des figurines humaines antérieures au Ier millénaire, le second, encore en cours d'élaboration, étant prévu pour le reste.
La documentation d'ores et déjà réunie dans ce premier volume est à elle seule impressionnante, par sa richesse autant que par une originalité inattendue, dans un domaine où la Mésopotamie passait pour avoir imposé ses normes. Or il n'en est rien, et désormais, le travail d'Agnès Spycket révélera un domaine pratiquement méconnu de la civilisation susienne.
Cet art populaire apparaît comme largement indépendant des autres arts, et empreint d'une rudesse rustique qui interfère cependant avec une délicatesse raffinée, ou inversement, plus souvent, avec la truculence, dans certaines figures de musiciens nus, ou avec le tragique à la Rouault, dans des têtes de "clowns". Et tout cela se trouve intégré dans le cadre de la longue histoire élamite, cadre enfin établi avec des marges d'hésitations en somme minimes.
En fait, cette première collection illustrait presque exclusivement la production de la grande époque élamite, couvrant sensiblement tout le IIème millénaire. Le Louvre reçut ainsi pendant quelque 30 ans la totalité de ces "petits monuments" dont le matériau commun, le caractère populaire, le nombre important et l'état souvent fragmentaire risquaient de décourager les tentatives de publication systématique. Mais du moins ce matériel considérable fut-il conservé, restant disponible pour l'étude.
En 1926, Pézard et Pottier en donnèrent un essai de classification, que l'absence d'illustrations rendait à peine utilisable. Peu après, une nouvelle législation imposa très raisonnablement un partage avec le Musée de Téhéran, construit plus tard et où les meilleures pièces seulement furent accessibles. A cette époque, R. de Mecquenem était enfin capable de reconnaître des éléments très approximatifs d'une stratigraphie, qu'il présenta dans la publication d'un choix des pièces jugées les plus représentatives. C'était peu, mais cependant non négligeable, à condition de savoir analyser les données ainsi disponibles, comme L. Le Breton devait par la suite en donner l'exemple, pour les hautes époques.
La prise en main des fouilles de Suse par Roman Ghirshman, en 1946, faisait espérer une rigueur inconnue jusqu'alors mais le grand chantier stratigraphique, "A", ouvert au nord de la Ville royale fut quelque peu mis en sommeil pendant la décennie consacrée à l'exploration de Tchoga Zanbil. Quand en 1961, je fus appelé au Musée du Louvre, je m'attachais par prédilection aux collections susiennes, mises en ordre par L. Le Breton, mais qu'il fallait encore répertorier en grande partie, avant d'en aborder la classification proprement dite. Les fouilles de R. Ghirshman commençaient à tenir leurs promesses, mais leurs données nécessitaient encore une délicate élaboration et restaient difficilement utilisables pour qui n'avait pas la possibilité de participer aux travaux, sur le terrain. Précisément, comme Agnès Spycket m'entretenait, à son retour des fouilles de 1965, des résultats obtenus, il m'apparut que son expérience personnelle du chantier lui avait donné la capacité de maîtriser la documentation si attachante, que j'avais à peine eu le loisir d'aborder superficiellement. Je m'en ouvris à R. Ghirshman, qui voulut bien en convenir et accepta de consacrer un volume à la publication globale des terres cuites susiennes. La seule condition, fort compréhensible, était de prendre rang dans la série des Mémoires déjà prévus, et donc de savoir attendre. C'est ce qui explique, partiellement, que la première partie de ce travail de longue haleine n'ait pas été menée à bien que 25 ans plus tard, sa complexité même impliquant en outre un temps considérable.
Il s'agissait en effet de classer à partir des données des fouilles récentes, et en critiquant celles des fouilles anciennes, un matériel vraiment énorme, comprenant près de 2 500 figurines humaines, et en outre, des centaines de figurines animales et d'objets familiers tels que les chars et les meubles. Par suite, le cadre initialement prévu a éclaté : deux volumes au moins ont dû être prévus, le premier comprenant seulement les séries des figurines humaines antérieures au Ier millénaire, le second, encore en cours d'élaboration, étant prévu pour le reste.
La documentation d'ores et déjà réunie dans ce premier volume est à elle seule impressionnante, par sa richesse autant que par une originalité inattendue, dans un domaine où la Mésopotamie passait pour avoir imposé ses normes. Or il n'en est rien, et désormais, le travail d'Agnès Spycket révélera un domaine pratiquement méconnu de la civilisation susienne.
Cet art populaire apparaît comme largement indépendant des autres arts, et empreint d'une rudesse rustique qui interfère cependant avec une délicatesse raffinée, ou inversement, plus souvent, avec la truculence, dans certaines figures de musiciens nus, ou avec le tragique à la Rouault, dans des têtes de "clowns". Et tout cela se trouve intégré dans le cadre de la longue histoire élamite, cadre enfin établi avec des marges d'hésitations en somme minimes.