L'auteur entend lire le livre d'Isaïe comme un livre. Le repérage de « trois Isaïe », pour utile qu'il soit, a aussi ses limites car l'unité du livre s'en trouve occultée. Joëlle Ferry dégage à partir du pivot que constituent les chapitres 36-39 une structuration en deux parties, Å“uvre de la rédaction finale, sans doute plus pertinente pour accéder au sens du livre en sa globalité. Une fois esquissée l'architecture du livre et dégagées quelques pistes et avenues, l'auteur « voyage » dans le livre et suit les parcours littéraires et théologiques qu'il propose. La thématique paradoxale de l'endurcissement du cÅ“ur est un programme narratif invitant les auditeurs-lecteurs à faire le choix de la foi. Le thème de la justice dessine un chemin : de la justice morale à observer au don du salut à recevoir. La figure énigmatique du serviteur s'investit de réalisations diverses pour appeler le lecteur à rejoindre ce « groupe du nous » discrètement présent dès le début du livre. Quant à la figure de Sion, elle déploie des significations diversifiées tout en construisant l'unité du livre, qui peut se définir comme un drame des relations entre Yhwh et Sion. Il existe peu d'ouvrages récents en français sur le livre d'Isaïe. On sera reconnaissant à l'auteur d'avoir tenu compte des nombreuses recherches sur la littérature prophétique dans les pays anglo-saxons.