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« Histoire de la Mission Timothée »

Une question de taille, approche du dernier essai d'Olivier Rey

L'AUTEUR :

A la sortie de l'école Polytechnique en 1986, l'auteur entre au CNRS dans la section Mathématiques ; parallèlement à ses travaux sur les équations aux dérivés partielles non linéaires, il développe une réflexion critique sur la place de la science dans la société contemporaine, exposée dans Itinéraire de l'égarement (Seuil, 2003). Ce n'est pas tant la science qui est en cause que l'esprit dans lequel on la pratique depuis la "révolution moderne", ainsi que la place qu'elle est venue occuper. Son ouvrage suivant, Une folle solitude, le fantasme de l’homme auto-construit (Seuil, 2007) (ou L’Homme sans antécédents) part d’un fait concret : le changement d’orientation des enfants dans les poussettes, qui s’est opéré au cours des années 1970. Olivier Rey analyse à partir de ce symptôme la propension des sociétés modernes à tourner le dos aux héritages qui les fondent. Autres ouvrages : Le Testament de Melville. Penser le bien et le mal avec Billy Budd, Gallimard, coll. « Bibliothèque des idées », 2011, et deux romans : Le Bleu du sang, Flammarion, coll. « Fiction Française », 1994, Après la chute, Pierre-Guillaume de Roux Éditions, 2014.
RESUME :

La thèse

Dans Une question de taille, les pathologies contemporaines sont examinées sous un autre angle : celui de l’échelle :« Au moment même où le nombre ne cessait de gagner en importance dans l’évolution des sociétés et la conduite des affaires humaines, les questions de taille, d’échelle, sont devenues une tache aveugle de la réflexion philosophique moderne et contemporaine » (chap. VI, p. 170).Or selon l'auteur, les questions de taille sont parmi les plus déterminantes si l’on entend vivre dans un monde « convivial », au sens qu'Ivan Illich donnait à ce terme, et non laisser se constituer une société qui écrase l'homme, ne lui étant pas proportionnée.Sa thèse s'appuie sur le fait que dans la nature, chaque organisme n'est viable qu'a une échelle adéquate : une araignée géante s'asphyxierait, une gazelle de la taille d'une girafe se casserait les pattes...idem pour les sociétés et les cultures, affirme le philosophe. Il met au centre de sa critique de la modernité technicienne et libérale la thèse de Léopold Kohr (1909 - 1994): "Partout où quelque chose ne va pas, quelque chose est trop gros".Rudimentaire comme toutes les sagesses, cet aphorisme devient aujourd’hui un cri d’alarme : «Depuis deux siècles les hommes vivent dans un chantier permanent. Ils commencent à comprendre que non seulement le palais ne sera jamais terminé, mais qu’il s’écroule sur eux, et qu’au lieu de mener la vie de château, c’est dans des ruines qu’il leur faudra apprendre à vivre", nous prévient l’auteur.

Généalogie de la démesure

Chez les Anciens, le sens de la mesure était au centre de la philosophie, de la politique, de la morale et des sciences. Ils l’appelaient logos, phronesis (prudence) ou summetria (harmonie des mesures). « La proportion contre la folie des grandeurs. La perfection contre l’accumulation. La prudence contre l’éloge du risque ». A quel moment "l’hubris" (démesure), autrefois raisonnablement contenue derrière les digues de la sagesse, a-t-elle été libérée pour aboutir au monde que nous connaissons, sans limites ni proportions?

Tout marche à petite échelle

«Tout marche à petite échelle, le capitalisme comme le socialisme», nous dit Olivier Rey. Le problème ne viendrait pas tant des idées, mais du fait qu’on applique ces idées à un trop grand nombre de personnes et de choses.« Plus les quantités augmentent, moins les dirigeants dirigent » : l’impuissance publique, dont on voit chaque jour les traces est le résultat direct de l’oubli de l’échelle dans la pensée politique. Le tragique du monde occidental réside dans cette volonté d’appliquer à grande échelle des exigences que seule peut relever la morale individuelle, faisant de l’État un bon samaritain aussi titanesque qu’impuissant.La décroissance est un mot qui fait peur. Car la croissance est aujourd’hui la condition de toute survie. "Croîs ou crève", tel est le dogme de la «gigantesque machinerie technico-économico-sociale» dans laquelle nous vivons. Car ne nous y trompons pas, nous dit l'auteur, les promesses de changement ne vont que dans un sens : plus loin, Plus vite, plus fort.Pourtant, il n’y aura pas de solutions globales aux désastres mondiaux. On ne résoudra pas les problèmes qu’engendre la mondialisation, «par le haut», de sommets en comités, mais par le bas, par un retour aux «échelles naturelles».

L’austérité joyeuse

Quelles solutions? Selon l'auteur, le fil d’Ariane de la mesure est à retrouver en nous, selon l'auteur, parmi les décombres de nos «vies mutilées». Le mot « d’austérité » doit être pris au sérieux. Et l’auteur de citer Ivan Illitch dans La convivialité : «L’austérité, en tant que vertu, n’exclut pas tous les plaisirs, mais seulement les plaisirs sans forme et sans ordre. Par quoi elle semble se rattacher à la convivialité, qu’Aristote appelle amitié, ou à l’humeur aimable et enjouée».Loin des diktats budgétaires des monstres froids de la gouvernance, l’austérité joyeuse doit être une conversion intérieure. Un retour à ce que Camus appelait la «pensée de midi», sagesse solaire brandie contre les ravages de Prométhée, qui s’incarnaient hier dans la démesure de la révolte et aujourd’hui dans celle de la consommation. La plupart des crises contemporaines (politiques, économiques, écologiques, culturelles) tiennent au dédain affiché par la modernité pour les questions de taille. Nous mesurons tout aujourd’hui, des volumes de transactions à la bourse aux taux de cholestérol, de la densité de l’air en particules fines au moral des ménages. Mais plus nos sociétés se livrent à cette frénésie de mesures, moins elles se révèlent aptes à respecter la mesure, au sens de juste mesure. Comme si les mesures n’étaient pas là pour nous aider à garder la mesure mais, au contraire, pour propager la folie des grandeurs.

APPRECIATION :

Ce livre s’attache à décrire et comprendre par quelles voies, au cours des derniers siècles, nous avons perdu la mesure. Et aussi ce sur quoi nous pourrions nous fonder pour la retrouver, afin de mener une vie authentiquement humaine. Olivier Rey fait une généalogie érudite et passionnante de la perte de la mesure : de la fin du cosmos avec Galilée, à la désincarnation de la lecture par l’imprimerie, jusqu’à l’indifférenciation des sexes promue par l’idéologie du genre, stade suprême et outrancier du refus des limites ; Ivan Illitch, Günter Anders, Simone Weil, Jacques Ellul… tous les critiques de la technique et de la démesure moderne sont convoqués dans cet essai. Ce livre est d’une lucidité nécessaire, il est à la fois savant et illustré d'exemples concrets. La solution proposée sous le vocable " d'austérité joyeuse" n'est ni plus ni moins qu'une "conversion intérieure" en vue du mieux vivre et du vivre longtemps, d'une manière sage et harmonieuse. L'auteur revient au concept de "l'amitié" selon Aristote. Il y a là l'expression d'une sagesse vertueuse que la société technocratique postmoderne a complètement oubliée, et refuse catégoriquement.La qualité et la pertinence de la réflexion de l'auteur ne déçoivent pas suite à ses ouvrages précédents. Le diagnostic est pertinent, prégnant et incontestable. On retrouve les accents du "petit traité des grandes vertus" d'André Comte-Sponville. Si "notre royaume était de ce monde" ce serait la philosophie à appliquer... A la lumière de cet essai, on mesure aussi le rôle de précurseur de Jacques Ellul. Des thèses telles que celles-ci s'inscrivant, bien des années après, dans la même ligne et confirment ses intuitions à partir du concret.
M.B.

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